
Pathophysiologie
La stéatose hépatique métabolique (historiquement appelée stéatose hépatique non alcoolique) (1) repose sur des critères incluant l’accumulation de graisses dans le foie (plus de 5 % des hépatocytes), en plus de l'un des trois critères suivants : présence de surpoids, obésité, prédiabète ou diabète de type 2, ou des facteurs de risque cardiométabolique (tour de taille élevé, hypertension, résistance à l’insuline, cholestérol-HDL faible ou inflammation de bas grade mesurée par la protéine C-réactive). Le diagnostic est maintenant indépendant de la consommation d'alcool ou d'autres maladies hépatiques concomitantes (1).
Les mécanismes pathophysiologiques impliquent plusieurs facteurs interconnectés. Un apport énergétique excessif, une accumulation de graisse viscérale et des déséquilibres au niveau du microbiote peuvent entraîner une inflammation chronique de bas grade et une résistance à l'insuline, ce qui conduit éventuellement à une accumulation d’acides gras dans le foie. Ce phénomène entraîne une lipotoxicité, c'est-à-dire une surcharge de la capacité de stockage des acides gras dans le foie, ainsi que l'activation de voies inflammatoires, la dysfonction cellulaire, puis l'apoptose des hépatocytes, contribuant à la progression de la maladie (2). Certaines variations génétiques peuvent également augmenter la susceptibilité à la stéatose hépatique métabolique (3, 4).
La thérapie : un mode de vie
Actuellement, il n'existe pas de traitements pharmacologiques approuvés pour traiter cette maladie. Les recommandations se limitent au mode de vie : une alimentation saine et équilibrée, l'abstinence d'alcool, une augmentation de l’activité physique avec ou sans perte de poids (3, 5).
Perte de poids et qualité nutritionnelle
Étant donné que l’accumulation d’adiposité joue un rôle majeur dans la pathophysiologie de la majorité des cas de stéatose hépatique métabolique, la plupart des regroupements internationaux suggèrent une perte de poids de 5 à 10 % du poids initial pour son traitement, en suivant un régime hypocalorique (déficit de 500 à 1000 kcal par jour) (6, 7). Des études ont démontré qu'une perte de poids de 7 à 10 % permettait d’améliorer certains facteurs de risque cardiométabolique (réduction du tour de taille, amélioration de la glycémie, du profil lipidique et des enzymes hépatiques), de réduire le niveau de graisses hépatiques chez 88 à 100 % des participants (7, 8) et d'éliminer les signes de stéatose à l'échographie chez 30 à 50 % des patients souffrant de stéatose hépatique métabolique (7).
Les régimes hypocaloriques de type méditerranéen apportent des bénéfices supplémentaires, notamment pour la résolution complète de la stéatose et une amélioration du profil lipidique (7). Ces bienfaits sont en accord avec les recommandations actuelles pour la gestion de cette condition, qui favorisent la réduction des féculents raffinés et des sucres simples, l’augmentation de la consommation de grains entiers, d’huiles végétales, de protéines végétales (légumineuses, noix, graines), de poissons et fruits de mer, de produits laitiers (en particulier fermentés, comme le yaourt), ainsi que de fruits et légumes variés et colorés, comme le préconisent les régimes DASH et méditerranéen (9). Par ailleurs, certains aliments et nutriments spécifiques pourraient apporter des bienfaits additionnels s’ils sont consommés régulièrement. Parmi ceux-ci, on retrouve les isoflavones (comme la génistéine), présentes principalement dans les produits à base de soja, les oméga-3 alimentaires et sous forme de supplément, le café, les graines de chia et l'huile d'olive (3).
Activité physique
Selon les données d’une méta-analyse et revue systématique, les interventions incluant seulement l’exercice physique (cardiovasculaire ou renforcement musculaire) sont associées à une petite, mais significative, réduction des graisses hépatiques et des enzymes hépatiques, particulièrement chez les personnes en surpoids ou obèses (10). Lorsque l’exercice est combiné avec des changements alimentaires, il permet une amélioration plus importante des marqueurs de la santé hépatique (11). Comparé aux soins cliniques habituels, un programme intensif de perte de poids sur 6 mois incluant des séances régulières avec un nutritionniste (bi-mensuelles pour les 2 premiers mois, puis mensuelles pendant 4 mois) a permis une meilleure adhésion au régime méditerranéen, une augmentation de la consommation de fibres alimentaires et de graisses monoinsaturées, ainsi qu’une augmentation de l’activité physique d’intensité vigoureuse (avec une médiane de 100 minutes par semaine).
Par conséquent, cette intervention intensive basée sur le mode de vie a permis une amélioration significative de la santé des tissus hépatiques (mesurée à l'aide du système échographique) et une réduction significative du niveau d'ALT chez les participants avec la stéatose hépatique métabolique, même après ajustement pour la perte de poids (11).
Boissons alcoolisées
Les effets de la consommation légère à modérée restent un sujet délicat et controversé pour certains. Cependant, les risques de la consommation d’alcool sont bien documentés pour la santé hépatique : quelle que soit sa quantité, l’alcool détériore les résultats hépatiques chez les personnes atteintes de stéatose (12) et de fibrose hépatique, et augmente aussi le risque de cancer du foie (13). Ainsi, une abstinence totale d'alcool est recommandée (4).
L’accompagnement pour le maintien des habitudes
Il existe un écart important entre les recommandations nutritionnelles et leur mise en pratique clinique. Les modifications de mode de vie durables représentent un défi pour de nombreuses personnes vivant avec des maladies chroniques, y compris la stéatose hépatique métabolique. L'accompagnement d’un(e) diététiste-nutritionniste est incontournable pour l’atteinte des objectifs nutritionnels, mais encore plus pour le maintien des nouvelles habitudes qui permettent la gestion d’une condition chronique. Selon les évidences, les interventions de mode de vie pour la perte de poids, accompagnées d'un suivi mensuel au minimum avec un(e) diététiste-nutritionniste, favorisent une perte de poids cliniquement significative (minimum 5 % du poids corporel initial) et durable (jusqu’à 160 semaines) (14). Un contact fréquent et régulier sous plusieurs formes (incluant des séances individuelles, des séances de groupe, des appels téléphoniques, etc.) favorise le maintien des nouvelles habitudes alimentaires (15, 16).
Service Support + : une solution pour le long terme
ÉquipeNutrition propose également un accompagnement en thérapie numérique avec l’application mobile KoalaPro et le service Support +. Des solutions telles que la consultation nutritionnelle individuelle avec les clients chez ÉquipeNutrition, combinées à un accompagnement en thérapie numérique, permettent un suivi régulier et hebdomadaire avec un(e) diététiste-nutritionniste. Le service Support + propose également des groupes d'inspiration animés par des nutritionnistes de l’équipe, visant à promouvoir un mode de vie sain et actif au quotidien. L'application permet une messagerie directe pour des recommandations en temps réel de la part du nutritionniste du client, un journal de suivi de la progression, ainsi qu’un système d'alertes de santé envoyées directement au professionnel, afin de garantir un soutien constant pour atteindre et maintenir les objectifs de santé des utilisateurs.
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Références
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- Eslamparast, T., Tandon, P., & Raman, M. (2017). Dietary composition independent of weight loss in the management of non-alcoholic fatty liver disease. Nutrients, 9(8), 800.
- Kosmalski, M., Frankowski, R., Deska, K., Różycka-Kosmalska, M., & Pietras, T. (2023). Exploring the impact of nutrition on non-alcoholic fatty liver disease management: unveiling the roles of various foods, food components, and compounds. Nutrients, 15(13), 2838.
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